II. Les pratiques pour atteindre ces performances sportives
A.Du matériel toujours plus adapté et spécialisé
Aviez-vous remarqué la petite bosse dans le dos des joueurs de l’équipe de France de rugby pendant la coupe du monde ? Cette excroissance est en fait une petite boîte bourrée de technologies et équipée d’un GPS. Il permet à l’entraîneur ou au préparateur physique assis sur le banc d’obtenir en temps réel des informations sur chacun des joueurs : fréquence cardiaque, distance parcourue, vitesse instantanée ou même nombre d’impacts et leur intensité. « Le coach en sait plus sur leur état physique que les joueurs eux-mêmes » commente Bernard Andrieu, philosophe et professeur à l'Université Paris Descartes.
L’utilisation de la technologie pour optimiser les performances sportives est désormais pratique courante : « On assiste à une hybridation biotechnologique, une osmose entre le matériel et le corps du sportif, explique le spécialiste. Autrefois l’athlète n’avait que son corps comme ressource. Aujourd’hui il peut le "technologiser".
Grâce aux avancées scientifiques et technologiques, on connaît de mieux en mieux comment le corps fonctionne, comment il réagit aux différentes sollicitations et donc que faire pour améliorer ses performances de manière optimale.
Toujours plus vite, toujours plus haut, toujours plus fort… Notre corps a-t-il des limites ? Quel est le rôle de la technologie dans les performances sportives ? Jusqu’où les athlètes de haut niveau pousseront-ils les records ?
Nicolas Lau, pilote professionnel de VTT enduro a dit, « le matériel à énormément évoluer lui aussi ces dernières années. Il a un impact certain sur les performances mesurées. Les performances ou résultats ne sont pas uniquement mesurés sur l'aspect physique et sportif mais aussi technologique. L'aspect technologique permet également de repousser cette fameuse limite. A la limite du corps humain et à la limite du matériel. »
VTT de 1995 VTT de 2015
Stan Piotrowski, strongman de niveau international as également dit, sur le même sujet : « Cela facilite l’entraînement : Une meilleure connaissance du corps humain a permis de développer certaines machines qui permettent de développer certaines parties des muscles avec un travail en isolation. C'est un peu de la fainéantise car en tant que strongman nos exercices sollicitent tous les muscles du corps. Et bien souvent on a un travail plus complet dans la mesure ou on travaille aussi en salle avec ces machines même si on privilégie plus souvent les charges libres (haltères, poids) et des entraînements spécifiques avec notre matériel (boules de béton, pneus de tracteurs, voitures, etc.…) »
Comme nous avons pu le voir, dans les sports ou la mécanique à une place importante, ces évolutions technologiques dans le matériel ont un impact considérable sur les performances elles-mêmes en compétition. Dans les sports ou le côté mécaniques n’est pas important, l’impact sera surtout au niveau de l’entrainement, qui pourra être effectué avec plus de précision et d’efficacité.
B.Des types d’entraînements qui évoluent pour plus de performances
L’utilisation de la technologie pour optimiser les performances sportives est désormais entré dans les mœurs. A l’époque, le sportif avait pour seule ressource son enveloppe charnelle. Aujourd’hui il peut le "technologiser".
Grâce aux avancées scientifiques et technologiques, on connaît de mieux en mieux comment le corps fonctionne, comment il réagit aux différentes sollicitations et donc que faire pour améliorer ses performances de manière optimale.
Grâce aux avancées mécaniques, on peut s’entraîner de manière ciblée et efficace pour travailler les points faibles par exemple.
Nous sommes arrivés à un niveau ou plus rien ne doit être laissé au hasard, dans tous les sports la compétition est acharnée et seul les plus entrainés et les plus professionnels gagnent.
Nous connaissons maintenant les mécanismes permettant d’améliorer sa force ou son endurance.
Le seul moyen pour les athlètes d’aujourd’hui d’établir de nouveaux records est de s’entraîner encore plus dur que les précédents, de parvenir à une parfaite connaissance de soi afin de ne pas se surentrainer et exploiter au mieux ses capacités.
L’élément le plus important sur lequel les athlètes peuvent être meilleurs que les autres pour battre des records (en particulier dans les sports « mécaniques » tels que le vélo, le football, le basket, la moto, etc ..) est la technique. Ils doivent parvenir à une maîtrise parfaite de leur corps et, dans certains cas, de leurs machines afin de pouvoir améliorer leurs performances.
C.Les aides artificielles aux performances : dopage, transhumanisme, …
Le dopage pourrait-il être un moyen pour l’homme de franchir la barre de ses limites imposées par la nature sur lui-même ? Le dopage symbolise la volonté humaine : bien que limité, l’homme rêve d’un progrès infini.
La philosophe Isabelle Queval explique : notre société est marquée par le progrès. D’après elle, le dépassement de soi est une utopie collective caractéristique de notre civilisation d’après la Renaissance. L’être humain du siècle des lumières se libère par la science des lois naturelles et s’ouvre l’espoir d’un progrès infini. Il est normal qu’il y pense pour ses propres limites physiques.
Le dopage prend maintenant le tournant du changement physique et de l’amélioration de l’être humain (human enhancement en anglais). Ces interrogations occupent de plus en plus d’espace dans la discussion sur le dopage. Le graphique ci-dessous réalisé à l’aide de la base de données Scopus le mets en évidence (Sciverse Scopus est le nom de la base de données transdisciplinaire lancée par l'éditeur scientifique Elsevier en 2004).
Il montre le nombre de publications dont le titre, le résumé ou les mots clés contenaient « Doping » ou « Human enhancement », pour manifester la montée de cette problématique il y a une dizaine d’années. L’amélioration des performances de l’être humain est devenue une interrogation fondamentale dans notre civilisation.
Nombre de documents concernant « Human Enhancement » en fonction du temps
Cependant, les records, qui symbolisent la mesure la plus importante des performances du corps humain ne progressent plus. L’IRMES va jusqu’à envisager la fin des records !
La lutte anti-dopage, consciente des limites du corps humain, à un projet de passeport biométrique qui consiste à prendre en compte les capacités naturelles de chaque sportif, permettant d’épingler ceux dépassant ces limites de dopage.
Cependant, si le dopage est perçu comme une forme d’avancement, comment peut-on ne pas l’autoriser ? Il est vrai qu’il est insensé d’être contre une forme de progrès, même au nom de valeurs sportives !
Le médecin-chercheur en physiologie et biologie musculaire André-Xavier Bigard, répond à cette question en trois points.
« On n’interdit pas le progrès, on le circonscrit : le dopage est un détournement des propriétés de certaines molécules à des fins de tricherie dans le sport. Si de tels produits peuvent être prescrits à des fins thérapeutiques, ils constituent une pratique dopante et sont interdits s’ils sont utilisés pour augmenter ses performances.
Le transhumanisme est un problème éthique qui dépasse le sport : des problèmes similaires apparaissent dans notre société. Les traders subissent des pressions financières très importantes et doivent améliorer leur performance pour répondre aux exigences économiques. Il n’y a aucun code d’encadrement, laissant la porte ouverte à des pratiques peu scrupuleuses. On est là très proche du sport-confrontation, où ce qui importe est d’être plus fort que l’adversaire.
Les limitations existent pour protéger les sportifs : dépasser ses limites est particulièrement dangereux pour la Santé. Tous les produits ne sont pas utilisés dans de bonnes conditions et certains n’ont été testés que sur des animaux. »
Malgré cela, la communauté scientifique n’est pas forcément entièrement de cet avis.
Ellis Cashmore, professeur à l’Université de Staffordshire (Grande-Bretagne) et auteur de « Making Sense of Sports », se place pour la légalisation du dopage dans le sport de haut-niveau en vertu de la recherche constante de l’amélioration des performances.
« Dans une culture qui encourage la constante recherche des limites pour l’humain, nous, les fans, les consommateurs d’évènements populaires sportifs, sommes à la recherche de nouveaux records, de défiance de la gravité, de mouvements que l’on pensait impossibles. Les promoteurs, les ligues, les sponsors, les campagnes de publicité et de nombreux autres parties intéressés demandent ce spectacle »


